Maltraitance, une dimension sacrée
L'utilisation du sacré comme méthode soutenant les abus
Au sein de l'OKC, une couche supplémentaire de manipulation résidait dans l'exploitation perverse de croyances et concepts religieux. Dans le contexte du bouddhisme tibétain, l'utilisation de la peur des divinités courroucées, de la terreur des enfers, et de l'anxiété liée à l'accumulation de "mauvais karma" servait d'outil puissant pour maintenir les victimes dans un état de soumission et de docilité.
Ces éléments de croyance étaient détournés pour instaurer un climat de peur et d'incertitude. On nous menaçait de répercussions spirituelles graves pour toute remise en question des actions du “maître” lui-même perçu par les adeptes comme un être parfait, au-delà de tout soupçon ou imperfection.
Cette instrumentalisation de la spiritualité ajoutait une prison invisible autour de nous, rendant encore plus difficile toute remise en question, tout comme la moindre tentative vers plus de discernement.
Cette expérience souligne la nécessité d'une vigilance particulière face à la manière dont les concepts religieux et politiques peuvent être manipulés pour justifier et perpétuer l'emprise.
Par exemple, toute une série d'abus dans le bouddhisme tibétain au sens large, pas seulement dans la OKC, se sont déroulés dans le contexte de la traditionnelle "retraite de 3 ans" qui isole l'adepte de sa famille et du monde extérieur. C'est une démarche censée être volontaire et libre, mais elle est bien trop souvent utilisée comme un moyen d’isoler la victime pour ensuite l'abuser en toute impunité au sein même du centre ou de la résidence du "maître", à l'abri des regards et de toute possibilité d'arrêter le processus.
Les dérives physiques et sexuelles :
Au sein de la secte Ogyen Kunzang Choling, j'ai été témoin et victime de sévères abus physiques et psychologiques. Privé de nourriture, battu avec des bâtons, contraint à me prosterner dans la neige, j'ai enduré des maltraitances qui ont laissé des cicatrices indélébiles sur mon bien-être physique, émotionnel, et spirituel. Ces expériences douloureuses sont malheureusement partagées par de nombreuses autres victimes au sein de structures sectaires, où l'emprise et le contrôle exercés sur les individus franchissent les limites de l'inhumanité.
Plus dévastateur encore, mes camarades ont subi des abus sexuels masqués sous couvert de rites religieux ou de croyances spirituelles. Ces actes abominables, allant de l'attouchement sexuel au viol, ont été perpétrés sous le prétexte fallacieux de pratiques religieuses, exploitant la vulnérabilité et la confiance des victimes pour les réduire au silence.
Certaines victimes ont gardé le silence sur ces abus pendant plus de 12 ans, même celles qui avaient rétabli des relations avec leurs parents. Tellement le secret, lui-même conditionné par des préceptes religieux, était partie intégrante de l'abus.
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